Retour aux productions

Au jour le jour | Leila Zelli

2021 - Œuvre web

Programmation Frontière

Crédits

Selon l’oeuvre de Leila Zelli
Design web : Maxime-Alexandre Gosselin

Au jour le jour | Leila Zelli

Étant née pendant la guerre de l’Iran et l’Irak, Leila Zelli cherche à montrer le paradoxe de la vie dans les pays en guerre avec ces petits interstices de vie qui démontrent l’immense tristesse et les petits moments de joie, l’espoir malgré tout pour souligner la volonté de vivre et de survivre. Tout le monde a droit à ces petits moments de bonheur, comme ces cris de joie dans une piscine, même dans un trou creusé par une bombe et rempli d’eau…

La frontière paradoxale de chaque extrait, que ce soit le clignotement infini d’un néon, l’espoir du retour d’électricité dans un hôpital ou encore la résilience d’une plante à fleur à côté d’un bâtiment en ruine, porte un regard tendre sur des situations complexes vécues par un.e Autre, d’« ailleurs ». L’artiste souhaite ainsi susciter un moment de réflexion sur la vie des survivant.e.s de la guerre, qui ne sont plus des autres d’ailleurs, mais nos voisin.e.s, ici et maintenant.

***

« Il y a quelque chose d’invraisemblable à propos de la guerre… sa grandeur, sa dureté, sa destruction qui amènent l’humanité à son extrême…. son extrême « humanité »…. Avec extrême violence ou extrême tendresse…. La cohabitation de ces contrastes est incroyable ! Incroyablement belle ! Incroyablement laide ! …. Tellement incroyable qu’une fois vécue, elle ne sera jamais oubliée…»
– Leila Zelli

Dans une entrevue avec la théoricienne de la littérature et autrice du livre Sidérer, considérer : migrants en France, 2017, Marielle Macé invite à prendre conscience de notre manière de regarder l’Autre, à ne plus être sidéré devant Lui, devant Elle, et à considérer l’Autre en tant qu’être vivant singulier, au même titre que soi. L’Autre et les réalités de sa vie ne pourront jamais être réduits à un cadre, une image, une explication.

«C’est ce trajet affectif, intellectuel ou politique à l’intérieur de chacun qui permet de passer de la sidération à la considération, c’est-à-dire d’une émotion où on est médusé par une situation de souffrance, une situation historique collective exorbitante […]. Et passer de cette émotion de sidération à une émotion de considération, ça veut dire devenir patient, arrêter de croire qu’on reconnait des situations de souffrance ou des situations de relégation historique, et s’intéresser aux vies qui sont vécues, même si elles sont invivables, mais qui justement sont vécues au jour le jour dans un quotidien. C’est peut-être ça la chose la plus difficile, c’est de mesurer qu’une vie invivable est elle aussi faite d’un quotidien, d’une intimité psychique, d’une intériorité. Elle est faite d’émotion, d’ennui, de rêve, de tentatives pour risquer une vie quotidienne, une nouvelle vie quotidienne, même dans les situations les pires qui lui soient faites. Donc c’est ça, ce passage de la sidération à la considération.»

Certains extraits ont été présentés pour la première fois à l’exposition Terrain de jeux (2019) de Leila Zelli à la Galerie de l’UQÀM sous une forme d’installation.

 

Leila Zelli

Née à Téhéran (Iran), Leila Zelli vit et travaille à Montréal. Détentrice d’une maitrise (2020) et d’un baccalauréat (2016) en arts visuels et médiatiques de l’UQAM, elle s’intéresse aux rapports que l’on entretient avec les idées « d’autres » et « d’ailleurs » et plus spécifiquement au sein de cet espace géopolitique souvent désigné par le terme discutable de « Moyen-Orient ». Son travail a, entre autres, été présenté à la Galerie Pierre-François Ouellette (2021), à la Galerie Bradley Ertaskiran (2020), au Conseil des arts de Montréal (2019-2020), à la Galerie de l’UQAM (2020,2019, 2015) et à la Foire en art actuel de Québec (2019). Ses réalisations font désormais partie des collections du Musée des beaux-arts de Montréal, du Musée national des beaux-arts du Québec, du Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul et de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Elle est lauréate 2021 de la Bourse Claudine et Stephen Bronfman en art contemporain.