Au cœur de ce deuxième cycle de notre programmation Frontière, « Remix et réseaux : des frontières défiées », TOPO accueille du 11 novembre au 19 décembre 2020 l’installation Paysages de l’Anthropocène, de l’artiste Oli Sorenson.
Avec ce projet, Sorenson entame un nouveau corpus d’œuvres qui emprunte le langage visuel néo-géo de l’artiste américain Peter Halley afin d’initier une réflexion sur les activités humaines ayant un impact écologique réel et générateur de multiples urgences pour notre planète.
Adoptant une esthétique oscillant entre les tableaux du début de carrière de Peter Halley, les cadres carrés d’Instagram, les paysages de Minecraft, l’imaginaire de Deleuze et les enjeux écologiques du mouvement Anthropocène, Sorenson investit la vitrine de TOPO avec un écran DEL sur lequel s’affichent une multitude de scènes, abstraites et figuratives, illustrant l’ubiquité des réseaux qui articulent et exercent un contrôle sur nos relations sociales, au quotidien.
L’artiste tente de représenter ces matrices qui alimentent l’économie mondiale, où les sols et voies maritimes sont entrelacés de fibres optiques et d’oléoducs, de câbles électriques et d’égouts, alors que l’atmosphère est saturée d’ondes WiFi et Bluetooth, sans compter les polluants de carbone et les pesticides. Ces conduits et bien d’autres contribuent à une accélération des flux de consommation au cœur des sociétés contemporaines, particulièrement via l’obsolescence rapide des instruments technologiques qui décuple l’accumulation de détritus, à l’ère des réseaux d’information.
Dans son ensemble, Paysages de l’Anthropocène comprend une collection d’images géométriques sur divers supports, incluant le dessin, la peinture, ainsi que la vidéo et les plateformes de réseaux sociaux Instagram, Viméo et Giphy.
Les écrans DEL utilisés par l’artiste proviennent de Creative Lab, une entreprise de Laval spécialisée en design d’environnements immersifs vidéo. Un atelier est prévu au printemps 2021 avec son directeur, Francis Aubin, un créateur ayant développé une gamme personnalisée de technologies événementielles pour des installations audiovisuelles d’envergure.
Oli Sorenson
En diffusant ses œuvres numériques dans des lieux associés aux arts visuels, Oli Sorenson questionne le statut de l’artiste en tant que créateur d’objets ponctuels et originaux. Il souligne les contradictions entre les notions d’authenticité et les moyens actuels de reproduction massive, à l’ère de la surabondance d’images numériques. Il cherche notamment à déstabiliser l’idée que l’art se créé en vase clos, en privilégiant des gestes de citation et d’appropriation créative. Lorsqu’il copie, transforme et combine les images existantes d’artistes reconnus, ses œuvres provoquent des confrontations entre images nouvelles et formes familières afin d’interagir plus étroitement avec la mémoire collective des amateurs d’art qui fréquentent les galeries.
L’art remix d’Oli Sorenson a initialement été reconnu à Londres (Royaume-Uni), où il a participé à plusieurs événements d’art médiatique à l’Institute of Contemporary Art (2003-06), à Tate Britain (2006) ainsi qu’au British Film Institute (2008-10). Il s’est bâti un profil international avec ses performances au ZKM (Karlsruhe, 2002), à ISEA (Helsinki, 2004), puis aux festivals Mapping (Genève, 2009) et Sonica (Ljubljana, 2012). Établi à Montréal depuis 2010, Sorenson a diffusé son travail à Power Plant (Toronto, 2014), FILE (Sao Paulo, 2015), Monitoring (Kassel, 2017), Art Mûr (Berlin, 2018), Elektra (Montréal, 2019) et TOPO (Montréal, 2020, 2016).